Street food, rien de nouveau sous le soleil
Alors que l’arrivée de Kristin Fréderick et son « Camion qui fume » en 2012 faisait l’effet d’un raz de marée dans le vaste monde de la restauration à Paris pour se propager inexorablement sur l’ensemble de la métropole telle une fièvre contagieuse, Paulo, résident de Sainte-Rose en Guadeloupe, succombait en toute simplicité à son rituel quotidien : acheter son sandwich « au camion » à l’heure du déjeuner après une matinée de dure labeur.
Et lorsque ce n’est pas Paulo, c’est Carole, 8 ans qui aura convaincu sans grande difficulté sa maman de lui acheter un Sinobol (traditionnelle glace pilée arrosée de sirop), cette dernière ayant elle-même succombé à un cornet de pistaches acheté à la volée à la marchande ambulante au coin d’une rue de Pointe-à-Pitre.
Alors si aujourd’hui, le principe de street food évolue, se modernise voire se prémiumnise, qu’on se le dise, il ne date pas d’hier aux Antilles.
Autant dire qu’il a toujours existé. Tout ce qui se mange, du Sik à coco jusqu’aux préparation mijotées tel que le colombo et son riz-haricots rouges, ou encore grillées comme le poulet boucané, peut se vendre dans la rue.
Il y a bien sûr les spécialités locales mais aussi, dans ce métissage perpétué et assumé, tout ce qui nous vient d’ailleurs. En tête, la pizza et le burger mais de plus en plus le sushi et les concepts healthy à base de smoothies et autres salades à composer.
Manger dans la rue, à toute heure est culturel, inexorablement ancré dans les mœurs.
Cela n’a pas que des atouts, si on résonne d’un point de vue nutritionnel, en regard des chiffres peu glorieux du taux d’obésité sur nos îles. Mais il faut reconnaître que c’est aussi et avant tout une belle part de notre folklore que nous aimerions voir perdurer.
Au bord des routes, sur les plages, en centre-ville à Lapwent*, dans le bourg d’une commune aussi petite soit-elle, vous croiserez assurément un ou une marchand(e) qui vous lancera un « Un ti sorbet coco ma chérie ? » tout en tournant sa sorbetière vigoureusement. Parfois, l’odeur alléchante d’un bokit à elle-seule fera son œuvre et vous attirera inexorablement vers l’objet du délit. Comment résister ?
Je ne saurai brosser ce tableau empli de gourmandise sans vous confier un petit secret.
Leslie Belliot est une fan inconditionnelle de la street food ! Et oui, qui l’eût cru.
« Il y a une raison simple à cela. La restauration de rue, c’est la restauration à la créole. Pouvoir se restaurer à tout moment, de façon simple, conviviale, c’est la restauration à la créole. Faire de petits riens des plats savoureux, c’est… la restauration à la créole. »
Plus décidée que jamais à explorer toutes les facettes de notre cuisine traditionnelle, faire la part belle à la restauration de rue apparait comme une évidence. Partager cette affection toute particulière avec vous, aussi !
Rencontre avec des marchand(e)s ambulant(e)s, tests de foodtrucks, recettes inspirées ça et là, Leslie se promet d’être désormais plus prolixe sur le sujet et de nous régaler de ses trouvailles et bonnes idées.
En voilà une succulente nouvelle.
Mon beau bokit, roi de la street food…
… que j’aime ton goût unique ! De la Nouvelle-Angleterre aux Antilles, le Bokit a traversé les mers et les siècles pour devenir l’un des en-cas les plus tendances et incontournables en Guadeloupe. Vous ne serez donc pas surpris de retrouver dans ce numéro la recette spéciale Noël que nous a concocté Leslie.